27 octobre 2005

Lettre ouverte


Monsieur Cédric VISART de BOCARMé

Procureur Général près la Cour d’appel de Liège

Palais de Justice

Place Saint-Lambert, 16

4000 LIEGE


Liège, le 27 octobre 2005


Monsieur le Procureur Général,



Concerne : Votre courrier du 20 octobre 2005. Votre Réf. : D/40354/M1/JK


Objet : l’ultime résistance que j’engagerai contre le règne sans partage de la loi du plus fort, et l’intolérable arrogance de l’arbitraire et de l’abus. Résistance que j’assumerai jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte, car "là où le devoir est net, se poser des questions, c’est déjà la défaite".


J’ai l’honneur d’accuser réception de votre courrier du 20 octobre 2005 tant attendu, ce dont je vous remercie.


Dans ce courrier, vous vous référez enfin à mes plaintes, et non pas à des "dossiers qui me concerneraient", et vous mettez ensuite en exergue "le mécontentement", et non plus "l’insatisfaction", dont je vous aurais fait part au sujet de la manière dont mes plaintes ont été traitées.


Le premier constat


Force m’est de constater qu’autant je vous parle, dans mes écrits, en termes de "droit", autant vous me répondez en termes de "sentiment" ou de "ressenti". Autrement dit, autant je vous entretiens du manque criant du respect de la loi et des règles et principes les plus élémentaires du droit, dont ont fait montre, durant plus de dix ans, notamment les magistrats et auxiliaires de votre parquet et les juges d’instructions – ces derniers étant, faut-il le préciser, dûment identifiés dans mes courriers -, autant vous m’entretenez soit de mon mécontentement, soit de mon insatisfaction du traitement de mes plaintes ou des dossiers judiciaires qui me concerneraient.


Vous conviendrez sans nul doute avec moi qu’en altérant ainsi le langage, on peut parvenir - ou croire parvenir - à masquer la vérité par l’illusion d’éclairage. Et on peut ainsi, sans fin, s’employer à détourner la réalité et à détruire le sens de celle-ci.


La première question


Que m’auriez-vous répondu, Monsieur le Procureur Général, si je vous avais soumis un jour la question de savoir si vous êtes "satisfait" ou "content" de la manière dont mes plaintes ont été traitées, au lieu de vous faire part de mes observations qui sont exclusivement basées sur le constat de la violation flagrante et systématique de la loi ainsi que des règles et principes les plus élémentaires du droit ? Observations dont vous dites par ailleurs avoir pris bonne note sans remettre en cause, et je vous en remercie, leur pertinence du point de vue du droit.


Le deuxieme constat


En effet, toujours dans votre courrier susmentionné du 20 octobre 2005, vous m’écrivez : "J’ai pris bonne note de vos observations mais il ne m’appartient pas en aucun cas de prendre une initiative dans ce dossier." Comme si vous m’écriviez que vous ne pouviez pas, par solidarité de corps, désavouer les agissements de vos prédécesseurs et leurs complices. Or, n’est-il pas temps de parler en termes de devoirs ou de prérogatives, liés à une fonction précise ? Est-il, oui ou non, de votre ressort, et de votre devoir, d’intervenir dans ce dossier ? Comment, et pourquoi, au seul regard du droit ?


La deuxième question


De fait, quel est l’impératif légal, Monsieur le Procureur Général, qui s’impose à vous au point de vous empêcher de prendre une quelconque initiative dans ce que vous appelez "ce dossier" ?


La troisième question


Quelle serait, selon vous, Monsieur le Procureur Général, l’autorité qui pourrait prendre l’initiative requise en vertu de compétences lui conférées par la loi - puisqu’il y aurait une initiative à prendre, comme vous semblez le laisser sous-entendre, mais qu’il ne vous appartiendrait pas de la prendre ?


La quatrième question


Hormis la procédure de "prise à partie", pourriez-vous évoquer un moyen légal que je n’aurais pas utilisé jusqu’à ce jour afin de faire face aux agissements du Corps, un et indivisible, "qui brave toutes les lois positives mais qui n’opère jamais sans prendre la loi pour guide" ?


Précision importante


Pour être vraiment "content" et être comblé de "satisfaction", je souhaiterais que vos réponses à ces trois questions soit motivées sur base des réponses que vous daignerez - vous-même et Madame la Juge d’instruction Danièle REYNDERS – donner aux questions que je me suis permis de soumettre à Madame la Juge dans ma lettre du 29 août 2005, et à vous-même au terme de ma lettre du 4 mars 2005.


La voie de la resitance


Par la présente, j’ai l’honneur de vous faire savoir que, dans un futur très proche, j’entamerai une grève de la faim afin d’obtenir réponse à ces questions. Quant au lieu et à la date où j’engagerai l’action, vous en serez informé par le déroulement des évènements.


Je tenterai ainsi - une ultime fois et d’une manière définitive -, de lever les barrières qui, durant plus dix ans, ont été dressées devant la loi par l’abus systématique de pouvoir, de position et de fonction. Abus dont d’aucuns croient détenir le secret divin quant à son exercice notamment, je le répète, dans les rouages de votre parquet et du collège liégeois des juges d’instruction. Et cela
- et c’est fondamental - dans l’intention manifeste et délibérée de rendre inaccessibles ou injoignables les cours et tribunaux où le droit devrait être dit et la justice rendue, dans une société régie par un Etat de droit. Le tout pour couvrir des actes délictueux et criminels afin de les soustraire à la justice et d’en protéger les auteurs.


Pour conclure, permettez-moi de citer ici ces quelques mots que j’ai écrits à Madame la Juge d’instruction Danièle REYNDERS dans ma lettre du 29 août 2005 pour mieux souligner la raison pour laquelle je compte bien déchirer la page au lieu de "la tourner" :


"Quant à la vérité que j’ai souhaité atteindre, ce n’est pas pour me débarrasser d’elle que je l’ai cherchée durant ces longues années, mais pour sauver du néant tout le passé qui s’y noierait sans elle. Je l’ai cherchée pour que ce qui, sans elle, ne serait même plus du passé, renaisse à l’existence dans cet unique présent hors duquel rien n’existe. Car il arrive un moment où les premiers mensonges sont perdus dans le lointain, estompés par la distance, souvent oubliés, et où les derniers en date empruntent à leur enchaînement logique, une apparence de vérité purement artificielle, comme sur une scène de théâtre où les accessoires réels contribuent à renforcer l’illusion du décor soigneusement peint et habilement entretenu par d’honorables, mais redoutables, délinquants au col blanc …"


Dans l’attente, je vous prie de recevoir, Monsieur le Procureur Général, l’expression de ma respectueuse considération,


Mustafa Üner SARI



Rue Joseph Remy, 12

4000 LIEGE